Et les contraintes sur nos goûts sont diverses et puissantes. Notre société de consommation, axée sur la standardisation, la production rapide et à grande échelle est, dans ses structures mêmes, un formidable rouleau compresseur du goût. Cette uniformisation des goûts aussi bien en musique que dans les arts plastiques et culinaires a maintenant une dimension internationale et par conséquent «ethnocide», accélérée encore par la toute-puissance de la technologie. Nous mangeons les mêmes hamburgers à San Francisco, à Paris, à Moscou et à Pékin, les enfants ont les mêmes rêves et leur imagination est nourrie de la même manière à Los Angeles, Miami, Tokyo et Marne la Vallée. Il est d'une affligeante banalité de dire que les goûts ne dépendent plus du libre arbitre mais du poids financier et de la force de pénétration des marchés par les multinationales qui vendent du look, de la décoration, du design, du disque, des programmes de télévision, des burgers et des loisirs.